« C’est à vous d’êtres Lacaniens, si vous voulez. Moi, je suis Freudien »
Ainsi Jacques Lacan s’adresse-il à ses disciples, au terme de son enseignement et de sa vie. Mais c’est précisément de s’être voulu – simplement et radicalement- » freudien » que son nom se retrouve homologue dans l’histoire de la psychanalyse, et au-delà, par les effets de ce geste, dans le » savoir de l’homme ».
Le » Retour à Freud « , l’expression apparait au milieu des années 1950 et donne son titre à un écrit décisif qui prend une portée de manifeste. La chose freudienne ou sens du retour à Freud en psychanalyse. Or, » Le sens du retour à Freud c’est un retour au sens de Freud ».
Cela suppose un transfert personnel sur la découverte freudienne dont il donne la formule en 1957 : » C’est quelque chose de bien frappant, de tout à fait saisissant que Sigmund Freud, un homme tout seul, soit parvenu à dégager un certain nombre d’effets qui n’avaient jamais été isolés auparavant et à les introduire dans un réseau coordonné, inventant une science et le domaine d’application de de cette science. » (Cité par P. L. Assoun).
Ce retour, ne se comprend sans s’attarder aux repères anthropologiques, qu’il s’agisse de Durkheim pour le moment 1938-1950, ou qu’il s’s’agisse des travaux de Lévi-Strauss dont l’influence sur les recherches du Lacan revenant à Freud devient immense à partir de 1951. L’invention Lacanienne du nom du père, relève d’un transfert de savoir entre le champ anthropologique et le champ psychiatrique. Précisément avec la perspective structuraliste.
A la mise en place d’un système structural correspondait l’instauration d’une topique composée des trois termes du symbolique, de l’imaginaire et du réel.
Sous la catégorie du symbolique, Lacan faisait entrer toute la refonte puisée dans le système Levi-straussien; l’inconscient freudien était repensé comme le lieu d’une médiation comparable à celle du signifiant dans le registre de la langue. Sous la catégorie de l’imaginaire étaient situés tous les phénomènes liés à la construction du moi: captation, anticipation, illusion. Enfin, sous la catégorie du réel était introduit ce que Freud avait appelé réalité psychique, c’est-à-dire le désir inconscient et ses fantasmes connexes. Selon Freud, cette réalité présente une cohérence comparable à la réalité matérielle et, de fait, elle prend la valeur d’une réalité aussi consistante que la réalité extérieure, au point d’ailleurs de se substituer à elle.
Dans le concept Lacanien du réel intervenait cette définition freudienne de la réalité psychique, mais s’y ajoutait une idée de morbidité, de » reste » ou de » part maudite ». D’où une formidable torsion. Là où Freud construisait une réalité subjective fondée sur le fantasme, Lacan pensait une réalité désirante exclue de toute symbolisation et inaccessible à toute pensée subjective: ombre noire ou fantôme échappant à la raison. (Elizabeth Roudinesco).
Le retour de Lacan à Freud doit-il être analysé comme un mouvement déterminé par le retour de ce qui avait été, jusqu’à lui, refoulé par les héritiers de Freud, de la parole du père? (Markos Zafiropoulos).
C’est ce que nous verrons en poursuivant la pensée- Lacan et son objet :
Pour l’année 2017- 2018
Fondements Imaginaire, symbolique, Réel
1\ Du stade du miroir à l’imaginaire
2\ La théorie du signifiant
3 \ Du nom du père au symbolique
4 \ Le réel et ses fonctions.