Notre époque est celle où le sujet se trouverait davantage occupé de sa jouissance que de son désir. Si l’on définit le désir par un manque, un manque qui pousse en avant, on y opposera volontiers la jouissance. Par opposition au désir, la jouissance ce serait ce que le sujet assouvirait, et qui viendrait plutôt boucler le manque, clore le désir. C’est à ce titre qu’elle prendrait une place particulière dans notre monde contemporain.
Quel rapport va-t-il avoir entre jouissance et perversion du lien social ?
Si, par ailleurs, on peut définir la perversion au sens strict- l’une des trois grandes structures psychiques avec la névrose et la psychose- comme « l’expérience d’une passion humaine où le désir se supporte de l’idéal d’un objet inanimé »(Lacan), à l’exemple du fétichiste, on voit bien que la ligne de partage qui permet d’isoler sa spécificité passe par la reconnaissance de l’altérité. Ne serait alors véritablement pervers que celui qui serait amené à devoir nier l’altérité de l’autre -son caractère vivant-, à devoir l’instrumenter.
Anissa El Amine Merhi