Aux différents groupes libanais correspondent différents mythes identitaires, et à chaque version du mythe, soucieux d’asseoir sa légitimité historique, il n’y a aucune hésitation à amalgamer fiction et réalité, à dépersonnaliser le sujet et dénier sa singularité.
Face à ce constat trop souvent répété, que pouvons-nous dire alors des différents groupes réfugiés au Liban, « Ces Syriens et Palestiniens qui constituent tant de menaces démographiques, économiques, et culturelles, pour la stabilité du pays ».
Ces réfugiés miroirs, persona non-grata, doubles sataniques, déracinés et isolés géographiquement, sont dans une situation où face à leur exil forcé, sur cette terre du « narcissisme des petites différences », ils subissent quotidiennement ce retour du refoulé, là où l’identité « re » devient un culte, là où l’Autre s’érige en vecteur totalitaire, opérant sur l’emprise ou l’effacement.
C’est au travers des médiations artistiques et thérapeutiques, protégés par le simulacre du jeu, du « faire comme si », de l’intermédiaire comme signifiant au passage, à la liaison et à la transformation, que nous verrons comment il devient parfois possible, de questionner la notion d’identité, tout en la reconnaissant être un pilier incontournable de la constitution de l’être, mais aussi, en essayant de la dégager du risque de s’ériger en absolu, en dogme.