La psychanalyse au Liban avant la SLP
Les débuts de la pratique psychanalytique au Liban remontent à l’année 1970. Des analystes comme Michel et Marie-Thérèse Asfar, Mounir Chamoun, Adnan Houbballah et Adel Akl s’installent au Liban. Ce début timide est entravé par le déclenchement de la guerre de 1975 qui provoque très tôt la mort de M. Asfar, touché par un éclat d’obus en son domicile.
Malgré le commencement des hostilités, ces pionniers tentent tant bien que mal d’implanter le discours psychanalytique dans sa double valence de transmission théorique et de pratique clinique mais certains se trouvent contraints de quitter le pays pour s’installer à l’étranger, là où le climat sécuritaire et sociopolitique permettait un meilleur développement de la pensée, de la réflexion et de la pratique psychanalytiques.
Fondation de la Société Libanaise de Psychanalyse
C’est en 1980 que la SLP fut fondée par Mounir Chamoun, alors membre de la Société psychanalytique de Paris, Adnan Houbballah et Adel Akl, respectivement membre et proche de l’Ecole freudienne de Paris. Elle s’est voulue dès l’origine ouverte au freudisme et au freudolacanisme. L’ouverture de pensée dont elle fait preuve incarne la diversité de la culture libanaise et reflète l’originalité de sa composition plurielle. Elle est officiellement reconnue par l’état libanais dès sa fondation le 31 mars 1980 (Autorisation officielle AD33-80).
Jusqu’en 1985, et avec l’admission d’une quatrième psychanalyste Liliane Ghazaly, la SLP organise les activités scientifiques destinées à faire connaître le discours analytique en milieu institutionnel et universitaire. Celles-ci seront interrompues en raison de l’embrasement du conflit armé pendant près de dix ans. Cependant en 1993, son Comité Administratif adresse une lettre aux analystes libanais exerçant en France pour les inviter à adhérer à la SLP afin de mettre en place une formation rigoureuse au Liban. Chawki Azouri y répond favorablement et se joint à M. Chamoun et à A. Houbballah pour mettre en place les supervisions et la formation théorique sous forme de séminaires théoriques et cliniques.
Dans le même temps la vie scientifique reprend, elle débouche sur le premier colloque de 1999 intitulé « Fonction thérapeutique de la psychanalyse ». Il devait raffermir les assises de la psychanalyse au Liban en développant l’apport de sa fonction thérapeutique parallèlement à ses découvertes cliniques et théoriques. A la même époque, alors que de nouveaux analystes en deviennent membres, la SLP entre dans une série de crises institutionnelles des plus éprouvantes pour tous et particulièrement pour cette nouvelle génération d’analystes.
Les efforts déployés pour faire prévaloir une réflexion analytique ne suffiront pas à maintenir l’entente et la cohésion du groupe qui doit alors faire face à une succession de démissions qui aboutiront à la formation de différents groupes qui suivront leur propre cheminement. Malgré cela la société est parvenue jusqu’à ce jour à maintenir un enseignement sous forme de séminaires, d’ateliers de cas cliniques et de conférences ouvertes au public, alors que par ailleurs de nouveaux membres la rejoignent.
Trois autres colloques ont, d’autre part, été organisés. En 2002 « Psychanalyse et Modernité » a réuni, avec les membres de la société, les analystes des principales associations mondiales (IPA, SPP, AFI, SPF) venus confronter leurs expériences individuelles et associatives. En 2005, le colloque « La Psychanalyse dans le monde arabe et islamique » avec des spécialistes libanais, marocains, tunisiens et français de la pensée arabe et islamique a montré qu’il n’y avait pas d’obstacles inhérents à la pensée arabe et islamique qui s’opposent à la transmission de la psychanalyse. Quant au colloque de 2011 intitulé « Guerre finie, guerre infinie », il retrace le parcours de six années de travail sur les traumas que la population libanaise ne cesse de vivre dans les guerres répétées sur son territoire.
Après un silence de plusieurs mois consacré de nouveau à un travail de réflexion sur son fonctionnement interne et une refonte de ses statuts, la SLP reprend ses diverses activités avec le souhait d’y joindre d’autres psychanalystes et psychothérapeutes autant libanais qu’étrangers.
Une pensée en mouvement
Dès son origine La Société Libanaise de Psychanalyse s’est ouverte à tous les courants et tient à la coexistence du freudisme et du freudolacanisme, ce qui enrichit les potentialités théoriques, cliniques et formatrices de ses membres. Par ailleurs, l’ouverture doctrinale dont elle se porte garante et l’hétérogénéité dont elle fait preuve lui permettent de composer avec d’autres champs de la pensée psychanalytique comme la psychanalyse britannique dans ses différentes particularités. Dans leur diversité, ces courants de pensée apportent à la réflexion une densité théorique qui maintient cependant avec rigueur les fondements de la métapsychologie freudienne tout en la soumettant à une réflexion en mouvement. En témoignent les activités scientifiques, séminaires, conférences mensuelles, journées de travail et colloques qui mettent à l’épreuve de la transmission les différences et les oppositions théoriques et cliniques, en exploitant leurs richesses réciproques là où auparavant, les grands courants psychanalytiques avaient connu des exclusions mutuelles.
Organisation
Dès sa fondation en 1980, la SLP est officiellement reconnue par l’état Libanais, en tant que Société de formation à la psychanalyse et à la psychothérapie d’inspiration psychanalytique.
Un règlement intérieur définit les modalités de la formation des analystes de même que les tâches d’un Comité Administratif qui dirige la SLP, comité dont les membres sont élus tous les trois ans.
Les modalités de la formation sont régies par le modèle tripartite partout reconnu dans les sociétés psychanalytiques depuis la création des premières structures de formation, à savoir l’analyse personnelle, les supervisions et la formation théorique dispensée sous forme de séminaires théoriques et cliniques.
Actuellement des échanges scientifiques réguliers, soit avec des analystes à titre individuel, soit avec des associations internationales, permettent des réflexions sur la transmission clinique de la psychanalyse et sa place dans le monde.